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à Versailles le 14. d’avrill 1689.
Il y a deja quelque semaine que vostre nepheu
[1] m’a donné
vostre lettre, monsieur, du 1./11. de mars, mais come en ce temps
là j’estois trop affligé de la mort de cette pauvre Reine d’Espagne
[2]
comme aussi de tous les malheurs de ma patrie
[3], je n’estois en
verité pas en estat de faire response, et il y a trop long temps,
que vous estes de mes amis pour que je me contraigne pour vous;
au reste je suis fort aise que vous aprouviés que j’aye obtenue du
Roy un enseigne pour vostre nepheu dans le regiment aux guardes.
J’ay si bonne opinion de luy et de la fidelité, que j’ay fait pour luy
ce que je ne ferois asseurement pour bien peu de gens dans le
monde, qui est de respondre au Roy pour luy et estre garante de
sa fidelité. Je crois que ce que je vous dis icy vous doit persuader,
que vostre nepheu a assés de merite pour que nous pouvons esperer
qu’il n’en demeurera pas, où il en est. Pour moy en tout ce que
je le pourrai assister, je le ferai de tres bon coeur et pour l’amour
de luy, dont je suis tres contente, comme aussi à cause de vous,
monsieur, qui estes de mes anciens amis, je vous prie de me
continuer vostre amitié et d’estre persuadé que la miene est pour vous
telle que vous la pouvés desirer de vostre rauschenplattenknechtgen
Je ne vous donne point de commission pour mad. de Harling,
je veux luy escrire, mais auf gutt teütsch undt nicht auf frantzösch.
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